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Décolonisation ? Mais de QUOI ?

En intro

 

Personne ne niera, sauf à être stupide, les méfaits de la colonisation envers les populations autochtones. Ce sont des faits historiques avérés ; pour pointer l’essentiel : création de réserves, spoliations foncières multiples, déplacements arbitraires, déni des droits civiques aux populations autochtones, etc. Cela s’est réellement passé mais c’est effectivement du Passé.

Depuis les révoltes des intéressés et cette période difficile des Evènements, les conditions sociales, culturelles, économiques, ont changé progressivement et considérablement au cours des trente dernières années.

Une demande de décolonisation typique

 

Lors d’une conférence au centre Tjibaou, mi 2017, un Monsieur Kanak, la soixantaine, déclare avec bonhommie et bonne humeur, mais très sérieusement, vouloir tout effacer de la colonisation. La conférencière eut la prudence de ne pas creuser. Le monsieur était bien habillé, portait des lunettes, manipulait son téléphone portable en parlant, son élocution montrait une bonne maîtrise de la langue française, son discours fut ponctué de quelques « Merci mon Dieu ! » ou « Grâce à Dieu », révélant la pratique d’une religion… Il était de toute évidence venu à la conférence en conduisant son propre véhicule.

De tout cela, et du reste de son quotidien, que veut-il vraiment effacer comme il le déclara ? Veut-il vraiment trouver un mode de vie similaire à ceux de ses aïeux d’avant la venue de colons ?

Quelques faits et chiffres postcoloniaux

 

Une analyse honnête et objective, comparant la situation générale et le mode de vie des clans avant les colons à celle d’aujourd’hui, est nécessaire. Une telle liste est longue et très variée, une version non exhaustive est fournie en annexe à ce document (Pour lire par ici !). Elle concerne de nombreux domaines :

Les institutions, Le foncier, Le partage des responsabilités, Le financement des collectivités, Le droit des personnes, L’éducation, La vie quotidienne, La santé et les soins, Les religions, etc.

 

Où se trouve dans tout cela, la spoliation coloniale rémanente que les activistes indépendantistes ont en abomination ?

Retour sur la demande initiale

 

L’affirmation du vieux monsieur au Centre Tjibaou, relève plus d’une position dogmatique que d’une réflexion structurée et factuelle. Il est vrai qu’en Nouvelle Calédonie, être Kanak et reconnaître publiquement des apports positifs de la période postcoloniale, ‘’ça ne se fait pas !’’ C’est encore aujourd’hui se mettre au ban de cette collectivité et s’exposer à des comportements violents et dangereux.

Eclairage de pratiques politiciennes

 

La chaine TV en ligne NCI a publié en octobre 2017, une interview de Monsieur MAPOU, un des chefs de file des partis indépendantistes Kanaks.

Dans les dernières réponses que ce monsieur apporta, une réponse bien précise attira mon attention. Monsieur MAPOU avait déclaré : « Est-ce que vous pensez que le sentiment de colonisé il a véritablement disparu, hein, au gré du développement économique… »

Monsieur MAPOU fait fi des réalités sociales et du chemin parcouru, il se place sur le plan émotionnel ; Dans un souci évident d’objectivité, il est essentiel de s’appuyer sur les faits, ce qu’il a soigneusement évité.

Connaissant en partie les discours indépendantistes tenus aux clans, aux tribus, en Brousse, ce sentiment de ‘’colonisé’’ qui est soigneusement entretenu et réactivé depuis des décennies, n’est pas prêt à disparaître. Monsieur MAPOU, membre actif et éminent des propagandistes, le sait fort bien !

En résumé - Mes conclusions

 

Cette liste (voir l’annexe), représente autant de faits concrets à mettre en avant pour faire bouger les mentalités vers plus de réalisme (ce qui n’est bien sûr pas fait !) et qui révèlent la mauvaise foi flagrante et mensongère des activistes indépendantistes.

 

Les questions que je me pose à ce propos sont les suivantes : A qui profite les mensonges outranciers et vindicatifs entendus au quotidien ? Qui peut se sentir lésé par un éventuel maintien de l’organisation sociale et politique actuelle ?

Les chefs de file des mouvements indépendantistes sont directement issus des hiérarchies claniques ou des chefferies. S’il y a encore spoliation, ce sont bien ces gens-là qui le sont : ils n’ont plus le pouvoir intégral sur leur collectivité. Ils sont contraints à un partage avec l’autorité étatique et ses administrations locales.

 

Ce ne sera jamais en laissant se jouer ce jeu du plus grand menteur, en courbant l’échine devant de tels extrémismes ou en voulant instaurer un pénal coutumier (dixit Monsieur GOMES, la semaine dernière, il est pourtant parlementaire français !) qu’une solution peut être trouvée.

 

Seul le jeu de la vérité est viable pour tous, mais ça va faire des histoires ! Alors… allons-y pour notre salut à tous !

 

Kriss NEOMESTRO

28 novembre 2017

ANNEXE

Liste non exhaustive des apports de la ‘’colonisation’’ ces 30 dernières années

  • Les institutions
    • Représentation au Sénat et au gouvernement
    • Le droit coutumier est constitutionnel
    • Le Sénat coutumier
    • Tribunaux coutumiers (juge avec assesseurs coutumiers disant les règles kanak)
    • Apports antérieurs de la colonisation : création des tribus, des districts et de chefs nommés et rémunérés ainsi que des conseils des chefs de clan.
  • Le foncier
    • La réforme foncière pilotée par l’ADRAF
    • 162.552 hectares ont été rétrocédés dans le cadre de la réforme foncière (plus de 10% de la surface de la Grande Terre).
    • La mise en œuvre de statuts spécifiques adaptés aux réalités collectives et tribales, comme les GDPL
  • Le partage des responsabilités
    • Responsabilités gouvernementales : 5 membres indépendantistes sur 11 (gouvernement calédonien)
    • Responsabilités provinciales : 2 présidences de Province sur 3
    • Responsabilités communales : 22 maires sur 33 communes
  • Financement (chiffres non vérifiés fournis par l’UC)
    • Total provenant de la France métropolitaine : 156 milliards CFP (2014)
    • De l’état vers le gouvernement : 5.5 milliards CFP (2015)
    • Vers les provinces : 11.3 milliards CFP (2013)
    • Vers les communes : 16.9 milliards CFP (2013, contrats de développement inclus)
  • Le droit des personnes
    • Droit de vote
    • Droit spécifique coutumier
    • Le droit de choisir entre droit coutumier ou commun, de manière réversible
  • L’éducation
    • Education nationale : financement du primaire et du secondaire
    • Apport massif d’enseignants expérimentés
    • Bourses pour les enfants kanaks
    • Programme de formation ‘’400 cadres’’
    • Intégration de la Culture Kanake aux programmes scolaires
  • La vie quotidienne
    • Smart phone, internet, TV, radio
    • Électricité, eau courante, voirie
    • Frigidaires, congélateurs, fours, lave-linges
    • Voitures, pickups, transports en commun et routiers
    • Transports maritimes et aériens domestiques
  • La santé et les soins
    • La mise en œuvre de la CMU (couverture médicale unifiée) garantissant l’accès aux soins médicaux pour tous
    • Le maintien en Brousse de dispensaires et de services médicaux locaux
  • Les religions

 

(Retour à l’article, cliquer ici !)

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