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Cet article est dédié au soutien d’amis spoliés par le système néo-calédonien et l’Etat français. Ces amis gèrent ce blog où ils me permettent la publication de quelques analyses de la situation locale. Ils sont en plein conflit foncier ouvert, depuis janvier 2017, en plein blocage d'un projet associatif dédié au bien-être animal, besoins criants pour ce pays où tout est à faire.

Ce sont eux que TOUT le monde ici, veut faire taire et dont l’affaire est soigneusement cachée et niée par les moyens officiels de communication.

Je m’appuierai sur leur affaire pour illustrer mes propos.

Foncier et rapports inter-ethniques, un cas réel

En janvier 2017, mes amis voient le chantier de défrichage de leur propriété, tout juste commencé, être bloqué par le président du Conseil des Anciens de la tribu d’à côté (cela a déjà été publié, par ici pour les détails). Au cours des discussions, mon ami put entendre (extraits) :

Propos de MOREO-SEE, président du Conseil des chefs de clan :

  • Je m’en fous si c’est un terrain privé
  • Je m’en fous vous avez acheté le terrain, c’est pour ça j’en ai rien à foutre
  • Ah non, ça c’est des lois qui viennent de là-bas pour vous régir vous ! moi j’suis un droit particulier, ok ?
  • Je m’en fous de ta loi, moi je suis pas un droit commun, je suis un droit particulier, donc cette règle-là elle s’applique à toi et pas à moi !
  • Tant que je serai ici, vous ne ferez pas votre projet ! parce que c’est moi qui l’a décidé comme ça !

Propos d’un sénateur coutumier en exercice :

  • Le terrain vous appartient peut-être, mais vous êtes CHEZ MOI !

Moins d’une heure après le blocage, avec les gendarmes présents sur le chantier, un de ceux-ci explique :

  • parce que là, on va pas pouvoir appliquer le fait du droit de propriété, là ce qu’on fait c’est de la médiation
  • c’est pas ça, on veut pas qu’il bloque la pelle, donc on vous demande de pas la faire fonctionner, c’est encore mieux
  • dites-vous bien, on n’est pas là nous, pour vous dire vous êtes pas dans votre droit, du tout ! vous savez bien, il y a juxtaposition des droits coutumiers et des droits qui sont des droits normaux.
  • Là on est clairement dans le conflit foncier propre à beaucoup de terres kanakes… Si on force le truc, vous savez ce qui va se passer, ils vont aller chercher les fusils, ils vont nous tirer dessus ; moi je veux pas qu’on en arrive là ! …

Ce même gendarme explique ensuite au propriétaire, qui vient de se faire taper dessus, qu’il doit baisser la culotte devant les bloqueurs du chantier :

  • Mais là, sortez grandi, faites le grand seigneur, je sais que ça va vous coûter du fric, je sais que ça vous enquiquine mais là vous dites : ‘’ben écoutez monsieur [au président du Conseil], j’arrête les travaux pour aujourd’hui, j’entends votre point de vue et monsieur vous avez raison… je vous demande de reprendre contact avec moi dans une semaine'' et si vous faites ça vous apportez un signe fort … ''et ben voilà, j’adhère à vos arguments’’….

La propriété de mes amis est occupée illégalement par 5 personnes qui empêchent les travaux, les gendarmes ont LAISSER FAIRE les bloqueurs, ils sont venus faire de la parlotte avec ceux-ci, qu’ils renomment pompeusement Médiation. Et selon eux, c’est au propriétaire spolié d’abandonner ses droits pour qu’il n’y ait plus de problème !!

Comment peut-on en arriver là ?

La genèse de telles situations a pris sa source il y a une trentaine d’années quand le Parlement français a légiféré et voté une loi organique plaçant le droit coutumier à égalité avec le droit républicain. Toute personne de droit coutumier (alias de droit particulier) échappe aux lois civiles républicaines qui ne lui sont pas applicables (à l’exception des infractions relevant du pénal). Les parlementaires sont allés loin puisqu’ils ont créé un texte de niveau constitutionnel, contre lequel rien à priori, ne peut s’opposer !

Quand le Parlement français a voté ce texte, en 1999, absolument PERSONNE ne connaissait la réalité du ‘’droit coutumier’’, droit qui n’en est pas un, puisqu’issu de traditions orales temporellement et géographiquement variables. L’appellation ‘’droit coutumier’’ est de plus tout à fait inadaptée, puisque le contenu perçu de ces traditions orales relève plus d’habitudes de vie sociales tribales que d’une quelconque norme de nature juridique.

En plus bref et résumé, en 1999 le Parlement français a placé à un niveau constitutionnel, au même niveau et en concurrence avec notre droit commun (les Droits de l’Homme : Liberté, Egalité, Fraternité), un système de règles de vie tribales, complètement inconnues, et dont les valeurs sont contraires à notre droit républicain comme on peut le mesurer tous les jours maintenant.

 

Que penser des avis de prétendus spécialistes ?

Les pseudo philosophes de la République et les grands spécialistes des salons parisiens de ces questions sociologiques, sont restés collés à une croyance dogmatique selon laquelle c’est extraordinairement bien et avant-gardiste. Il manque à ce genre de personnages la réalité des faits, la réalité du quotidien et du terrain. Ils sont tellement loin du réel, qu’ils sont dans l’incapacité d’en mesurer les défauts et les inepties.

 

Je reviens donc à mon exemple de conflit foncier décrit ci-dessus. Comment est-il possible qu’un kanak indépendantiste assumant de plus des responsabilités sociales et organisationnelles dans sa tribu, puisse nier à ce point les lois de l’état ?

La réponse devient simple et triviale : depuis 30 ans, le Parlement l’a placé HORS LES LOIS FRANÇAISES, ne le rendant dépendant que des règles et habitudes tribales de son clan, mais sans aucun moyen de contrôle et de suivi ! Il fait donc ce qu’il veut, quand il veut, puisqu’il n’a aucune contrainte sérieuse, aucun compte à rendre à quiconque, sauf lui-même et ses pairs.

 

Toujours pour ce même exemple de conflit foncier : pourquoi les forces de l’ordre ne font RIEN ?

La même cause nous en fournit l’explication. Le Parlement français ayant en 1999, placé les personnes de droit particulier, en dehors des lois françaises, l’état qui venait de se tirer une balle dans chaque pied, en a conclu que le meilleur choix est de ne rien faire, donc de laisser faire. Les Forces de l’ordre qui ont pour valeur suprême le respect des ordres et consignes de l’état, ont compris qu’elles ne doivent rien faire non plus, ce qu’elles appliquent scrupuleusement depuis 3 décennies.

 

Vous n’êtes pas convaincu ? Alors expliquez moi quelles règles ou usages de la coutume vous allez invoquer pour sanctionner et faire stopper les personnes de la tribu qui bloquent mes amis ?

La vision de bisounours de nos chers spécialistes métropolitains des questions sociétales, où ils ne voient dans la situation calédonienne, qu’un équilibre vertueux et novateur d’un système juridico-social mixte, une espèce de modèle très innovant et opérationnel, cette vision-là ne résiste pas 5 secondes pour toute personne connaissant la réalité du pays, celle de nos quotidiens.

 

La réalité calédonienne, la vraie, est bien celle décrite par l’exemple ci-dessus. Et cet exemple est l’arbre qui cache la forêt : l’ADRAF annonce très officiellement plus de 40 conflits fonciers nouveaux chaque année !

L’Etat n’est pas là… Qui gère l’ordre ? (Partie I)

La véritable ampleur du problème est très largement au-delà, au vu du nombre d’affaires judiciarisées. Vous en avez entendu parler ? officiellement ? Non, c’est une question taboue que personne ne veut rendre publique, car c’est clivant et surtout très conflictuel… Exit les vrais problèmes, ici c’est le pays des bisounours !

Vous n’en êtes pas encore convaincu ? alors lisez la Charte du Peuple Kanak, crû 2014, et vous y trouverez les pensées profondes de nos voisins coutumiers (en particulier la partie traitant du foncier, pages 20 – 21).

Kriss NEOMESTRO

15 décembre 2017

(suite à venir - Partie II)

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