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En préambule, je rappellerai ici certains propos tenus par des personnages politiques importants, pour la Nouvelle Calédonie.

Monsieur Michel ROCARD avait déclaré au journal local : "Personne ne peut avoir dans la tête le souhait que la question qui va être posée à ce référendum soit choisie de manière à diviser les Calédoniens en deux paquets égaux. Parce que là, on est sûr qu'ils recommenceront à se taper dessus" (AFP, 23 novembre 2015).

Monsieur P. GOMES (député calédonien, réélu en 2017), reprend les mêmes idées l’année suivante dans le rapport DOSIERE (rapport n°4596 de l’Assemblée Nationale, 2016) (5) :

 « Les indépendantistes n’accepteront jamais une solution qui conduirait la Nouvelle-Calédonie à rester au sein de la République… (Les) non-indépendantistes ne signeront sûrement pas un document qui ferait franchir à la Nouvelle-Calédonie les limites juridiques de la République. »

« Or, il ne faut pas être grand clerc pour imaginer que ce dialogue se tiendra probablement non pas autour d’une table, mais dans la rue ! … Dans les deux cas, je l’ai dit, ce sera le chaos. »

En novembre 2017, lors du 16e Comité des signataires des Accords de Nouméa, le député Philippe Gomes a été applaudi à l’Assemblée Nationale lorsqu’il a déclaré que « la Nouvelle-Calédonie et la France doivent sortir la tête haute de ce référendum ». (Calédosphère, 3 novembre 2017)

 

Lors de ce même Comité des signataires, Monsieur Edouard PHILIPPE, Premier ministre, déclara le 1er novembre 2017 :  

 « Il faut faire en sorte que la consultation mette en place un corps électoral clair », il a par ailleurs souhaité « que l’ensemble des forces politiques présentes en Nouvelle Calédonie (puisse) s’entendre sur le sens de la question à poser » lors du référendum. (Outremers ; 1er nov 2017) (1).

De l’indépendance prochaine de la Nouvelle Calédonie

Le bipartisme politique simpliste mettant en opposition les indépendantistes Kanaks et les Loyalistes pro-Français, est en cours de mutation. Cela est perceptible du côté des Loyalistes, notamment avec les rapprochements de Calédonie Ensemble et des partis indépendantistes lors du précédent gouvernement.

 

Fin 2017 en Nouvelle Calédonie, on entend fleurir de presque nouveaux discours. Je soulignerai en exemple, l’ANC Association Nouvelle Calédonie, fraichement créée, dont le récent président Edouard LEONI, met en avant l’identité calédonienne, comme principe moteur de son organisation. Il déclare l’ANC apolitique, mais pas forcément pour longtemps selon ses dires (4). Dans un discours qui se veut fédérateur, cette association affirme s’adresser à ‘’Tout Le Monde’’, mais ne reconnait cette fameuse identité qu’aux bénéficiaires de la liste référendaire. Un Tout Le Monde sérieusement élitiste ! Il rejoint en cela, la vision indépendantiste de l’UC.

 

Le projet pour « l’après 2018 », de l’Union Calédonienne, nous précise (page 12) sa vision de la citoyenneté : « seront des nationaux du pays indépendant les personnes légalement citoyennes avant la consultation de 2018, et celles pouvant y voter ».

Les autres (ce sont tous les non-référendaires, au moins 36.000 personnes !) seront des non-nationaux, avec toutes les conséquences que cela implique en absence de droits pour voter, pour travailler et de droits à la propriété. Cela explique la détermination farouche des indépendantistes à vouloir inscrire d’office tous les kanaks sur la fameuse liste : ceux qui ne seraient pas inscrits n’auraient pas la nationalité !

 

Cette montée des discours d’exacerbation de l’identité calédonienne, réservée aux listés référendaires, c’est une première étape pour certains loyalistes. Il y eut une époque où les calédoniens historiques voulaient une indépendance vis-à-vis de la France, l’Etat de l’époque ayant très largement sabré dans les marges d’autonomie locale. C’était les débuts de l’Union Calédonienne, c’était les années 1970.

Aujourd’hui parmi les loyalistes gérant le pays, certains rêvent de sortir complètement du giron de la France, goût du Pouvoir ? illusion de grandeur d’une future Nation microscopique ? Se sortir d’affaires douteuses pour lesquelles ils sont ou seraient poursuivis ? Ces nouveaux pro-indépendance non-kanaks veulent réactiver de vieux ressorts (2), afin de manipuler l’électorat loyaliste et le pousser en dehors de ses convictions nationales françaises.

Lorsque la mayonnaise aura prise, le glissement vers un statut Calédonien dans la France, ensuite une nationalité calédonienne dans la France, donc une Nation Calédonienne, puis l’ultime étape pour rassurer le bon peuple, l’ASSOCIATION avec la mère Patrie… Vous êtes sauvé, elle est encore là ! Mais… finalement non, vous ne le serez pas puisque vous ne serez plus Français !!

 

Monsieur GOMES et son parti Calédonie Ensemble, étaient déjà sur le chemin d’une stratégie d’indépendance-association lors de leurs discussions avec les indépendantistes kanaks pour la mandature calédonienne précédente. Cela n’a pas été claironné dans la presse locale mais est explicitement affirmé par Monsieur MAPOU lors de son interview par NCI (3) en octobre 2017. Homme de pouvoir et voulant retrouver une 2e députation en 2017, Monsieur GOMES a dû faire publiquement machine arrière et renforcer sa base électorale via une plateforme loyaliste avec les autres leaders d’une cécité politique flagrante. Relisez les propos de ce Monsieur que j’ai cités en introduction, extrait du rapport DOSIERE, et sa déclaration lors du dernier Comité des Signataires, sa ligne se dessine très clairement : j’y vois ‘’Indépendance’’ pour satisfaire les Kanaks et ‘’Association’’ pour faire passer la pilule aux loyalistes.

 

Comment en arriver à une telle décision lors d’un futur référendum ? Là encore relisons les déclarations, notamment celle du premier ministre : « (les forces) politiques présentes en Nouvelle Calédonie (doivent) s’entendre sur le sens de la question à poser ». Vous pouvez déjà prédire que toute question trop clivante telle que ‘’rester français’’ contre ‘’indépendance Kanaky’’ sera rejetée, car ‘’elle jetterait le pays dans le chaos.’’ (déclaration de Monsieur GOMES, rapport DOSIERE).

Il suffira de remplacer ‘’rester français’’ par ‘’une indépendance en étroite association avec la France’’ à opposer à ‘’indépendance Kanaky’’, laquelle servira de repoussoir aux ex-loyalistes trahis par une question référendaire piège !

 

C’est le chemin que nos politiciens chevronnés, hommes d’Etat, député, sont en train de parcourir. Et puis ne comptez pas sur les politiciens locaux, leur aisance à changer de ligne politique est à l’égal de leur promptitude à accepter les demandes indépendantistes lors des Comités (comme cela s’est passé en novembre dernier). Nos nombreux loyalistes anti-indépendance, englués dans leurs convictions de supériorité numérique et une cécité politique persistante, tomberont de haut lorsqu’ils le comprendront, trop tard.

Des motivations à rejeter l’indépendance de la Nouvelle Calédonie

Je veux tout d’abord m’élever contre les parlementaires français qui en 1998, 1999, ont joué les apprentis-sorciers en plaçant le droit particulier (ou la coutume Kanak) sur un pied d’égalité avec notre droit républicain, fortement ancré dans les Droits de l’Homme.

Ils furent réellement des apprentis-sorciers irresponsables pour placer au niveau suprême de nos institutions, des paroles claniques et tribales, largement méconnues en 1999, mais aux antipodes des Droits de l’Homme. Aujourd’hui un juge doit s’adjoindre d’assesseurs coutumiers pour prendre une décision, fréquemment en contradiction avec nos lois républicaines.

Il s’agit bien d’une faute politique et sociétale majeure qui est à l’origine d’un très grand nombre de conflits et d’une immense part des tensions actuelles. Les indépendantistes kanaks affirment haut et fort, être de droit particulier et ne pas être soumis aux lois républicaines ; ils sont dans une position de déni permanent et systématique, faisant comme bon leur semble, ce qu’ils veulent. Les Forces de l’ordre et la Justice leur font la part belle, en refusant de s’engager sur un terrain aussi instable, aux ordres d’un Etat qui s’est rendu et se rend impuissant tout seul !

 

Je veux encore m’élever contre la situation d’apartheid mise en place en Nouvelle Calédonie. Ce vote référendaire est ségrégationniste ; la liste exclut environ 36.000 électeurs de la liste générale pour un total de 154.000 votants référendaires, soit plus de 23%. Ces gens que l’on exclut d’une décision fondamentale pour le pays où ils vivent, où ils ont ‘’leurs intérêts économiques’’, font partie pour leur très grande majorité, des forces vives du pays, celles qui font tourner l’économie locale.

Soyez en sûr, une Nouvelle Calédonie indépendante demain, sera encore beaucoup plus fortement communautariste. Afin d’en comprendre le sens :

  1. Lisez la Charte du Peuple Kanak (6) : au prétexte du peuple Premier, il s’autodéclare Souverain et supérieur à tous les autres.
  2. Pensez aux votants référendaires, seuls à obtenir d’office la nationalité de ce microcosme, et heureux dépositaires des pleins droits calédoniens épargnés par la Charte Kanak.
  3. Et puis tous les fraichement débarqués, arrivés depuis 1998 ! et je vous fais grâce des nombreux métissages, une véritable richesse de ce pays ! Quel avenir pour ces gens-là dans une Nouvelle Calédonie indépendante ? Ils seront des sous-communautés aux multiples origines, avec des sous-droits, car non Calédoniens.

 

 

Cela fait trente ans que la classe politique non-indépendantiste locale et les instances Etatiques, acceptent sans condition, les demandes des indépendantistes Kanaks.

Le dernier Comité des signataires de novembre 2017, nous en a encore apporté la preuve ; les indépendantistes voulaient l’inscription automatique des kanaks sur les listes électorales, ils ont obtenu cela et seulement pour eux ! (Les non-kanaks seront inscrits ‘’automatiquement’’ s’ils apportent la preuve qu’ils satisfont aux conditions exigées, bel automatisme !).

Ces politiciens locaux pérorent dans leur cour nouméenne mais perdent toute ardeur politique quand ils sont à Paris.

Cela fait trente ans et plus que l’Etat et la Justice, ne garantissent plus l’ordre républicain dès qu’un conflit implique des kanaks.

Cela fait trente ans et plus, que les chefs de file indépendantistes tiennent un double langage entre salons parisiens, conférences internationales et les harangues de leur base en brousse profonde.

Monsieur MAPOU du Comité des signataires et celui qui cite Eloi MACHORO en activiste exemplaire aux tribus de Brousse, sont bien le même. Le double langage et les nombreuses contre-vérités de Monsieur R. WAMYTAN sont de la même veine.

 

Quelle confiance peut-on accorder à de tels leaders indépendantistes dont le programme économique pour cette future nation se résume à ‘’Pourquoi voulez-vous que la France arrête de payer ?’’ (MAPOU NCI-TV, TUTUGORO CALEDONIA-TV, en octobre 2017).

 

Vous voulez une indépendance kanake, basée sur des conceptions tribales archaïques et xénophobes, sur un communautarisme exacerbé ? Pourquoi pas, ce sera votre choix, vérifiez cependant que vos origines kanakes sont bien réelles et démontrables aisément, afin d’éviter de déchanter dès le jour d’après.

 

Dans le cas contraire, sachez que les kanaks indépendantistes n’auront de cesse, quelle que soit la majorité issue du vote référendaire, de prendre le contrôle du pays et le pouvoir qui va avec.

Tout statut relevant d’une indépendance, qu’elle qu’en soit sa forme, pourra être dès le lendemain, annulé et remplacé par un tout autre texte entièrement réécrit localement. Ce ne sera que le résultat d’une volonté politique ou d’un coup de force de prise de pouvoir des disciples de Kanaky.

Les premiers liens statutaires qui seront à mon sens coupés, seront ce fameux Accord de Nouméa, et tout le corpus constitutionnel associé, incarnations flagrantes de la colonisation de Kanaky. Je vous laisse réfléchir aux alternatives qui permettront : de garantir une majorité Kanake systématique dans les structures décisionnelles du pays, de rejeter les indésirables ‘’à la mer’’, de récupérer les richesses et les produits de l’économie pour les reverser aux kanaks ‘’spoliés de la colonisation’’, etc.

Politique fiction, grand délire ou vision prémonitoire ? A vous de parier... et nous saurons bientôt puisque 2018, c'est dans 45 jours, et quelques mois.

 

Kris NEOMESTRO

7 novembre 2017

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